Trek en mauritanie | FAQ | Plan
La nuit est moins calme que les précédentes. D'abord c'est la pulsation sourde d'un lointain Tam Tam qui rythme la nuit, quelle heure est-il ? je n'ai plus de montre depuis deux jours. Puis une chouette et enfin à l'aube des cris de chacal.
Cette journée commence par l'ascension d'une dune assez haute. Une fois à son sommet, Sidi nous apprend que les chameliers sont partis dans la nuit au mariage, hier, Brahim nous a préparé le thé en début de repas, tellement ils étaient pressés d'y aller. De retour tôt le matin, ils ont dérangé les chacals qui suivent notre méharée.
Quand en mer un voilier double un cap, vu du pont, la côte se découvre en un lent glissement. Le marin est à la fois acteur et spectateur de ce spectacle. On ressent le même sentiment ici.
Comme un port au fond d'une crique, un campement nomade entre deux dunes. La femme qui nous accueille est seule avec ses enfants, les autres adultes sont partis au mariage. Échange de cadeaux pendant que nous buvons du thé et que Sidi discute longuement avec notre hôtesse.
L'erg Ouarane, cette dune s'étend jusqu'en Algérie, Sidi l'a traversé une fois dans sa largeur. Il lui a fallu 6 jours ! C'est à ses pieds que notre bivouac a été dressé. Il est difficile de résister à la tentation de l'escalader. Pourquoi résister ? Au sommet, le vent d'Est souffle fort et redessine inlassablement les crêtes des dunes qui se dressent à perte de vues en dégradé de jaune. Difficile de s'arracher à ce spectacle.
Les ondulations du sable en surface sont en perpétuel mouvement.
De retour au bivouac, nous trouvons deux chameliers en train de préparer la kessera. Ce pain, à base de semoule, est cuit à même le sable et contrairement à la viande de chèvre, aucun grain de sable ne vient troubler sa dégustation.
La Kessera, s’écrit aussi Kesra, ce qui est marrant, c’est que quand on fait une recherche sur le web, on trouve des infos sur la Kesra algérienne, la Kesra tunisienne ou marocaine, mais rien sur la Kessera mauritanienne. Elle est pourtant très différente puisque sa cuisson se fait à même de la cendre recouverte du sable du désert au lieu du tajine habituel. C'est pourquoi j'ai décidé d'écrire le paragraphe suivant : Kesra vs Kessera : Duel de pains au cœur du Maghreb
Vous êtes assis sous une tente, le soleil couchant colore le désert de teintes orangées. Devant vous, un plateau avec deux pains plats. D'un côté, la Kesra mauritanienne, de l'autre, la Kessera algérienne. Deux cousines qui se ressemblent, mais chacune a son caractère bien trempé ! On va se la jouer guide gastronomique, ou guide Michelin du désert
La Kesra, c'est le pain des aventuriers du désert. Les nomades mauritaniens le préparent depuis des siècles, et croyez-moi, ils ont eu le temps de peaufiner la recette !
Fait de farine de blé, d'eau et d'un soupçon de sel, ce pain plat est cuit directement sur les braises. Résultat ? Une croûte croustillante qui cache une mie dense et légèrement humide. Un plaisir après avoir marché toute la journée, ou au petit déjeuner après une nuit un peu froide.
De l'autre côté de la frontière, en Algérie, on trouve sa cousine : la Kessera. Plus grande et plus plate, on la retrouve souvent au centre des tables familiales.
La Kessera est plus élaborée. Fréquemment, on y ajoute de la semoule, ce qui lui donne une texture plus granuleuse. Certains y mettent même des graines de nigelle ou de l'anis.
Cuite au four ou sur un tajine retourné, la Kessera a une croûte plus fine et une mie plus aérée que sa cousine mauritanienne. Elle est parfaite pour saucer un bon tajine (Accompagné d'un gris de Boulaouane frais - oui je sais, le gris est marocain, mais le mariage est super) ou pour être tartinée de miel au petit-déjeuner.
Au final, (là, le gastronome devient pompeux) ces deux pains racontent l'histoire de leurs peuples. La Kesra, robuste et pratique, évoque la vie nomade dans le désert mauritanien. La Kessera, plus sophistiquée, parle des longues soirées familiales algériennes.
Mais je donne les 3 étoiles à la Kesra mauritanienne, car après les cloques, le réconfort!
Suite : Sur la crête des dunes, le Sahara à perte de vue